Le panier de consommation explose ! En décembre, 4,8 % d’inflation, un record vieux de trente ans. On comprend, car c’est une année particulière avec tout ce qui se passe sur la planète. La pandémie, les feux, les inondations, le bris de la chaîne d’approvisionnement, etc. Tout cela fait que ça coûte plus cher, c’est évident. Le gouvernement reconnaît alors que ça ne doit pas être facile pour les personnes qui vivent déjà avec peu. Dans sa grande sagesse, notre ministre des Finances accorde un baume sur la plaie des gens en situation de pauvreté. Entre 200 et 275 $ en bonus pour toutes les personnes qui reçoivent un crédit d’impôt pour solidarité.
Quant à lui, le taux d’indexation de l’aide sociale a aussi atteint 2,64 %, le plus haut taux en dix ans ! Avec toutes ces bonifications, nos penseurs peuvent espérer que les personnes en bas de la pyramide vont être capables de survivre aux hausses. Sans vouloir être de mauvaise foi, nous croyons fortement que ces messieurs savent que ce n’est pas suffisant. On s’entend, 275 $ sur 12 mois, c’est juste 22,91 $ par mois. L’indexation de l’aide sociale est près de la moitié du taux d’inflation de 4,8 % calculé en décembre 2021. Et le coût de plusieurs denrées alimentaires va augmenter davantage cette année, selon le Rapport annuel des prix alimentaires 2022. Pensons aux produits laitiers (de 6 à 8 %), aux légumes (de 5 à 7 %), à la boulangerie (de 5 à 7 %), sans parler du loyer ! Avec la prestation de base à l’aide sociale, 726 $, ça n’est pas long avant qu’il ne reste plus grand-chose. Donc, malgré l’indexation historique de l’aide sociale et un petit chèque supplémentaire, les aides ne suivent pas le coût de la vie. Les pauvres s’appauvrissent encore !
C’est dur à prendre quand on est une personne qui est bénéficiaire de l’aide de dernier recours. Dans la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles, les prestations d’aide sociale sont censées couvrir neuf besoins essentiels. Sincèrement, ces prestations en couvrent peut-être deux ou trois ; le reste n’est pas couvert du tout ou comblé par les organismes communautaires et de charité. Ça, c’est quand les organismes sont ouverts et fonctionnels. Les banques alimentaires commencent à vraiment manquer de provisions. Effectivement, la crise économique a augmenté leur achalandage de 40 % l’année passée et, dernièrement, les épiciers disaient subir plus de pertes dues au vol. Si les organismes sont au bout du rouleau, imaginez comment c’est pour les personnes qui les utilisent. On ne s’étonnera pas que certaines personnes ne scannent pas toute leur épicerie aux caisses libre-service.
Être en état de survie constamment, ça use, ça use. Pas juste le corps, mais le moral aussi. On nous casse les oreilles pour nous dire que la santé mentale et physique c’est important, mais, sincèrement, il est impossible de maintenir sa santé quand on vit de l’aide sociale. Quémander chaque mois, avoir faim, stresser des nuits de temps à ne pas savoir si on va finir à la rue, ce ne sont pas des conditions optimales de santé. On va se le dire, s’il y a bien un moment pour ne pas aller à l’hôpital, surtout pour des problèmes complètement évitables, c’est bien pendant une pandémie mondiale.
Au Québec, 1,2 million de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, selon Centraide. C’est pas mal de monde qui va subir une inflation que ces gens ne peuvent pas absorber. À quand des programmes sociaux qui permettent vraiment de sortir la tête de l’eau, qui minimalement, permettent à chacun de manger à sa faim ?