Québec, le 27 avril 2020 — Après plus d’un mois de confinement, les personnes assistées sociales vivent une profonde détresse face à la crise de la COVID-19 et se sentent carrément ignorées par le gouvernement. C’est ce qu’affirme le Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ) dans une courte vidéo publiée lundi sur sa page Facebook. Pour démontrer l’urgence d’agir et les grands besoins présents sur le terrain, le regroupement donne la parole aux oublié-e-s de la crise par cette vidéo qui collige des témoignages récoltés dans les dernières semaines.
Des défis supplémentaires
Les nombreux témoignages reçus permettent de mettre en lumière plusieurs difficultés largement partagées par les personnes à faible revenu, mais pour lesquelles aucune réponse significative n’a été apportée depuis plus d’un mois. « Particulièrement pour les personnes qui reçoivent le chèque de 690$ par mois, souvent, à la moitié du mois, il ne reste plus rien pour payer l’épicerie. C’est alors que les gens se tournent vers les banques alimentaires et soupes populaires, mais plusieurs sont fermées ou ont réduit leurs services. », explique la porte-parole du FCPASQ, Roxane Blanchet. « Je pense à cette personne qui exprimait sa détresse en demandant « Avez-vous déjà fouillé dans les poubelles pour vous nourrir? » »., relate Mme Blanchet.
L’accès difficile à l’information fait aussi partie des problèmes exacerbés par la crise. « Plusieurs personnes ne peuvent se payer ni Internet, ni la télévision. Maintenant que les bibliothèques sont fermées, une personne interviewée témoigne être complètement coupée du reste du monde. », déplore la porte-parole.
Un risque de santé publique
Les recommandations de la santé publique préconisent le confinement pour lutter contre la crise sanitaire. Cela relève de l’utopie pour les personnes à faible revenu qui doivent se rendre dans les banques alimentaires encore ouvertes et faire la course aux spéciaux dans plusieurs épiceries différentes pour se nourrir. « Les déplacements essentiels se multiplient quand on ne peut pas stocker la nourriture. La plupart du temps, ces déplacements vont se faire en autobus, une autre obligation qui est déconseillée par les autorités. », explique Mme Blanchet. Les personnes assistées sociales se mettent malgré elles en danger d’attraper la COVID-19 et de la propager, alors qu’elles font partie d’une population à risque. « Pauvreté rime souvent avec problèmes de santé, et ces problèmes sont amplifiés par la crise. Devoir choisir entre attraper le virus ou avoir faim, c’est un non-choix. », insiste la porte-parole.
Une solution : le revenu de base pour tout le monde
Le FCPASQ a envoyé à plusieurs reprises des suggestions de mesures au ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet. Le regroupement propose entre autres de remettre à l’ensemble des prestataires d’aide de dernier recours une prestation spéciale pour porter le montant de leur prestation à 1210$, soit l’équivalent du montant du Programme solidarité sociale 66/72 (« Programme revenu de base »). « 1210$ par mois, ce n’est pas suffisant pour couvrir ses besoins essentiels, mais c’est mieux que 690$. », raisonne Mme Blanchet. Rappelons que selon la Mesure du panier de consommation (MPC), le montant nécessaire pour couvrir minimalement ses besoins de base a été fixé, pour une personne seule habitant à Montréal en 2019, à 18 424$ par année. « On est loin du compte! Vivre à l’aide sociale, c’est être en crise à l’année longue. Il faut que le gouvernement mette en place des mesures pour répondre à l’urgence, mais aussi pour améliorer les conditions de vie durablement. », conclut la porte-parole.