Avec la saison des guignolées qui s’entame, des groupes de la société civile luttant contre la pauvreté faisant partie du Regroupement en éducation populaire et en action communautaire (RÉPAC) dont l’Association pour la défense des droits sociaux Québec métropolitain (ADDSQM) ont demandés un revenu décent au gouvernement à quelques intersections de la ville de Québec, à la manière de ceux et celles qui ramassent habituellement des dons à ce temps-ci de l’année. Ils sont ensuite venus porter un paquet cadeau contenant leurs revendications au ministre Jean Boulet. Depuis le début de la pandémie, des centaines de milliers de québécois et québécoises prestataires de l’aide sociale sont incapables de couvrir leurs besoins essentiels. Cette situation ne date pas de mars 2020 par contre. Ça fait des années qu’on le lit dans le rapport annuel Bilan Faim produit par les Banques alimentaires du Québec, la situation s’aggrave pour les personnes à faible revenu et l’achalandage dans les banques alimentaires ne cesse de croître . Les manifestants tiennent à rappeler au ministre que les personnes les plus pauvres de la société n’ont reçu aucune aide financière, ce malgré les pertes en biens, services et revenus qu’elles ont subies depuis mars. Les groupes revendiquent un revenu qui permet de ne plus avoir recours aux banques alimentaires plusieurs fois par mois, pandémie ou non.
Une des porte-parole du groupe, Monique Toutant met en lumière les pertes subies par ces personnes prestataires d’aide de dernier recours. La majorité de ces personnes n’ayant pas droit à la prestation canadienne d’urgence ont subi la pandémie très durement. L’obligation d’acheter des masques, l’augmentation des denrées alimentaires et la perte de services communautaires ont toutes dû être compensées avec la prestation qui ne couvre déjà pas les besoins essentiels. Couplée au fait que ces personnes ont aussi perdu les emplois qui leur permettaient de faire au maximum 200$ par mois, la fulgurante augmentation de l’achalandage dans les banques alimentaires n’est pas surprenante. Depuis mars, plusieurs groupes de la société civile et les partis de l’opposition ont souvent interpellé le ministre pour lui demander quand il allait venir en aide aux personnes en situation de pauvreté. L’aide se fait encore attendre.
L’autre porte-parole, Vania Wright Larin, explique que si les gens ont faim, ce n’est pas que les banques alimentaires font mal leur travail, c’est qu’elles ne sont pas censées être la solution à la pauvreté. Les prestations d’aide sociale sont censées couvrir les besoins essentiels des prestataires, ce qui n’est pas le cas. Avec l’ augmentation de la mesure du panier de consommation (MPC) de cette année, la prestation de base à l’aide sociale couvre 49% des besoins essentiels.
Les porte-parole expliquent que la situation actuelle aurait pu être évitée, du moins en partie. Une prestation qui permettrait de couvrir les besoins essentiels aurait pu laisser une certaine marge de manœuvre aux personnes prestataires d’aide sociale. Si les prestations étaient minimalement équivalentes à la mesure du panier de consommation, qui est la mesure de pauvreté officielle au Québec, la situation ne serait pas aussi grave. D’ici là, elles devront se contenter d’un panier de Noël et de la queue à leur banque alimentaire.
Citations
Monique Toutant- ADDSQM
« Ça coûte vraiment plus cher depuis le début de la pandémie. Dans les épiceries c’est fou, chaque semaine j’en ai de moins en moins dans mon panier. Il y a une grave incohérence avec le MTESS. D’un côté on est censé couvrir nos 9 besoins essentiels comme c’est inscrit dans la loi d’aide aux personnes et aux familles. De l’autre le ministère refuse de nous donner le montant de la MPC, pour certains même moins que la moitié, ce qui est censé représenter la couverture des besoins essentiels. Ça ne marche pas. C’que ça prend, c’est une couverture des besoins de base pour toutes les personnes assistées sociales. »
Vania Wright Larin-RÉPAC
« Le fédéral a statué avec la PCU que ça prenait 2000$ par mois pour ne pas tomber dans la pauvreté, alors que du côté provincial on accepte que des personnes vivent avec 690$ par mois. Ça fait depuis le début qu’on dit que ça prend un aide d’urgence pour les personnes à l’aide sociale, mais le ministre Boulet et le premier ministre Legault se contentent de mesures d’assouplissements qui ne règlent en rien la situation. Les gens ont faim. Le 26 mars dernier, le premier ministre nous disait que personne ne va manquer de nourriture au Québec, et bien, il a failli à sa promesse. Ça prend un revenu qui couvre les besoins essentiels et ça le prend maintenant. »